Les petits princes à vélos

Le 6 juillet 2019, peut-être avez-vous aperçu une ribambelle de cyclistes parcourir les routes de St Christophe le Grotte ? Chargée de lourdes sacoches, la famille Billard (hameau de Bande Village) est en partance pour un fabuleux voyage. Un périple de plus de 7000 km qui la conduira, par les cols pyrénéens, les montagnes de l’Atlas et le désert de Mauritanie, jusqu’au Sénégal. Six mois de pédalage intense, de rencontres et d’émerveillement. Avec Le Petit Prince comme fil conducteur, l’aventure familiale prend un sens qui dépasse la simple prouesse physique : partir à la rencontre d’hommes et de femmes qui s’efforcent de rendre l’humanité plus solidaire. Voici quelques morceaux choisis des carnets de bord des enfants :

Une soirée pour s’apprivoiser… par Simon

Dès qu’Abdelmajid lit sur notre carnet la phrase écrite en arabe : « Nous cherchons où camper pour la nuit », il nous répond : « Ma maison, ça vous va ? »

– « (super !) Pas de problème !
– Yallah, suivez-moi ! »

Quel accueil spontané ! Il nous conduit dans une maison bien fraîche où nous entrons avec nos vélos. Quand tout est à l’abri, il nous donne ses clés et s’en va. Va-t-on rester tout seuls toute la soirée ? Non, dès qu’il a fini sa journée de maçonnerie, il revient avec sa femme, Fatima.

Tout de suite, elle nous prépare le thé à la menthe. Ensuite, elle nous emmène voir ses cultures de courges, ses quelques arganiers, moutons, poules, oies, canards et son âne sur lequel nous pouvons monter. Et tout cela en nous faisant des explications par gestes car ni Adelmajid, ni Fatima ne parlent français ! Mais on arrive quand même à se comprendre grâce aux gestes et aux expressions du visage. C’est drôle ce jeu de « devine ce que j’essaie de te dire… »

De retour dans la maison, nous utilisons les photos et la carte pour communiquer. Puis, Hassnah, une petite fille qui apprend le français à l’école, vient pour faire la traductrice. Elle est très timide, alors elle n’ose pas trop parler, mais elle est très intelligente et très intéressée. J’apporte une toupie et on s’amuse bien. Nous jouons aux cartes : elle connaît le même jeu que nous (le kems) ! Puis elle me demande si on a des livres : je cours chercher le Petit Prince, évidemment ! Elle commence à le lire et elle se débrouille très bien ! Nous lui promettons de lui en faire parvenir un exemplaire.

A l’heure de se coucher dans le petit salon, enroulé dans une grande couverture, je comprends que, comme le renard du Petit Prince, je me suis laissé apprivoiser par cette famille marocaine. Au début, je n’étais pas très à l’aise, mais grâce à leur gentillesse, j’ai réussi à discuter et à jouer.

Mon chameau blanc… par Amandine

Mon chameau s’appelle « Abyad », c’est-à-dire « le blanc ». C’est le plus grand et le plus gentil de tous ceux de la caravane. J’aime beaucoup monter sur dos. De là-haut, je peux voir très loin !

Je vais vous expliquer comment faire :

1/ Faire coucher le chameau en tirant la corde vers le bas et en disant calmement « Outche, outche… »

2/ Poser le pied entre les épaules du chameau puis se hisser sur la selle. Mettre ses deux mains sur la selle.

3/ Pour faire se lever le chameau, lever la corde attachée dans sa narine.

4/ Attention ça penche ! D’abord en avant puis en arrière. Waouh !

5/ En haut, on est à plus de deux mètres du sol. J’adore !

Mon ami le baobab… par Coline

En quittant la région du fleuve Sénégal, les acacias laissent place à des paysages de plus en plus boisés. La nature prend du relief et les géants d’Afrique apparaissent dans toute leur splendeur au milieu de ces magnifiques montagnes. Des collines étonnamment belles, auxquelles les herbes rouges donnent la couleur des coquelicots.

Cet arbre au large périmètre a les branches tendues vers le ciel pour que ses petites feuilles caressent les étoiles, tandis que ses lourds fruits sont attirés par le sol où les fourmis les mangeront… Ce sont des colosses qui règnent sur la savane et protègent leur descendance : des bébés baobabs couverts de fleurs rose bonbon au parfum léger. Un jour, eux aussi auront des branches qui surmonteront toute la savane.

A leur pied, les volées d’oiseaux se multiplient aussi. Quelques familles de singes se battent avec les zébus pour la moindre petite mare. Leur masse et leurs cris stridents ne sont pas rassurants, même s’il n’y a pas de danger. Quand je les aperçois dans les grandes branches, je comprends le nom de « pain de singe » qui sont attribués aux fruits de cet arbre dont j’ai fait la rencontre, il n’y a pas longtemps.

Dans le coucher du soleil, j’aperçois au loin la silhouette d’un berger qui garde ses chèvres. Plus bas, dans la plaine, les hommes emmènent leurs grands troupeaux boire à la mare. Il se fait tard. Nous dressons, nous aussi, notre campement au milieu d’un prairie de baobabs. Un bivouac de rêve éclairé par une lune grandiose. Je m’endors en rêvant que je deviens l’amie d’un de ces arbres gigantesques qui me serre dans ses branches et me fait dominer toute cette savane qui nous entoure.

Dès que les conditions sanitaires le permettront, une projection du film de 42 min sera organisée à St Christophe. De quoi se mettre des étoiles pleins les yeux !

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